Je pirate le titre du billet de Christian qui met le doigt sur le malaise des SSII et de l’informatique de gestion en général. Son billet ne peut que faire que réagir les acteurs de ce secteur. La preuve avec moi, mon commentaire sur son blog s’est finalement transformé en billet ici.
Prolétarisation et industrialisation de l’informatique, le rêve de tout manager n’est ce pas? Tout ça pour réduire les coûts et les risques face à un domaine qui fait peur et reste incompris d’une majorité (il n’y a qu’à suivre HADOPI pour s’en convaincre). On est donc en pleine utopie, et au cœur de la raison pour laquelle les projets informatiques foirent la plupart du temps.
On veut industrialiser, rendre reproductibles, maitrisables, prédictibles, CMMI les développements. C’est un peu comme si Renault essayait d‘industrialiser le processus de conception d’un nouveau modèle de voiture… que resterait-il de nouveau dans leurs voitures?
“code is design”, voir “code is poetry”… C’est un acte de création, le Fordisme ou le Taylorisme n’ont pas la réputation de favoriser la création… Les SSII cherchent à industrialiser la phase de développement d’un projet informatique pour rassurer le client et elle-même. Le mode forfait, si apprécié des achats, ne leur laisse pas d’autre choix. Si c’est industriel et reproductible, c’est délocalisable… Donc moins cher, donc plus de profit, logique dans notre monde capitaliste (une crise? Ah bon, vous ne pensez tout de même pas qu’on va tout remettre en cause pour si peu, non?)
Mais elles confondent le développement d’un projet informatique avec la construction d’une voiture ou d’un bâtiment… Malheureusement l’informatique n’est que conception, c’est le compilateur qui fait la réalisation (et malgré nos désirs, quand il y a un bug, c’est rarement de sa faute). D’ailleurs les SSII le savent, elles recrutent principalement à bac+5. Mais on voudrait tan que ce soit aussi simple que de produire un million de fois le même objet, si complexe soit-il. La réalité de l’informatique de gestion est plutôt un million de projet légèrement différents et relativement simples. Ce sont ces “légères” différences, le fameux contexte, qui rendent utopique l’industrialisation des développements. En réalité, au mieux on peut les outiller (IDE standard, forge de code, intégration continue,…), au pire on les fige en remplaçant la communication par des processus et en imposant de mauvais outils (j’ai besoin d’un tournevis et d’une pince, on ne me donne qu’un marteau pillon).
Le seul truc qu’on peut industrialiser en informatique c’est la prod. C’est ce qu’on bien compris les acteurs SaaS, pour le comprendre vous pouvez retourner chez Christian: introduction à l’entreprise2.0
Le problème est loin d’être neuf, et l’agilité est à mon sens une réponse à ce phénomème.
Ceci dit, le résumé fait par Christian Fauré et repris ici est remarquablement clair et permettra sans aucun doute à moi et d’autres de mieux expliquer au quotidien le “malaise” de ces approches. Il ne faut jamais sous estimer la puissance des mots, et le concept de “prolétarisation” est à mon sens assez fort pour choquer comme il se doit quelques esprits.
J’applaudis des 2 mains !!
Je travaille depuis ++ années sur des petits projets, et le constat s’y applique tout autant.
Utopie : calquer le processus de conception des systèmes informatiques sur ceux qu’utilisent les meilleurs spécialistes de la création : les artistes. Concevoir un logiciel comme on crée un film ou un morceau de musique : par l’alchimie de plusieurs créatifs et non par une brutale séparation entre donneurs d’ordre et exécutants interchangeables.